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cinéma d'auteur

16 août 2023

Désordres

Désordres, Suisse, 1h33. Drame historique de Cyril Schaublin. Avec Clara Gostynski, Alexei Evstratov, Monika Stalder.

Quel beau film surprenant. Des personages apparaissent au bas de l'écran puis montent au fur et à mesure. On est à la fin du 19è siècle, au moment où la photographie devient un instrument de publicité. En Suisse, dans cette bourgade, l'atelier d'horlogerie a le projet de photographier l'ensemble de son patrimoine et met un temps infini à réaliser les prises de vues qui demandent beaucoup de temps de pause. Avant de pénétrer dans l'atelier-même, il faut donc du temps. C'est un film sur la réorganisation du travail. On pénétre dans l'atelier où les ouvrières, les régleuses, sont penchées sur leur ouvrage, le nez collé dessus pour régler le mécanisme d'horlogerie des montres et réveils. Un homme derrière leur dos chronomètre leur temps de travail. Les jeunes filles s'en amusent entre elles à la pause. Mais on mesure combien est pénible ce travail de précision qui demande une concentration extrême pour enclencher les mécanismes dans leur orbite. Elles en rient entre elles en échangeant leur temps de montage. Et puis apparaît un homme, un géographe qui est dans le coin pour cartographie la région. Pierre Kropotkine, connu aujourd'hui pour avoir été à l'origine du mouvement anarchiste, du moins celui qui va formuler la théorie. Dans le village court un bruit d'une expérience sur l'égalité entre hommes et femmes dans le travail au niveau des salaires et de la vie qui n'a duré que deux mois. Elles le regrettent. Mais dans le café où se parlent les hommes, le message passe et chacun donne son opinion. Dans cette assemblée d'hommes essentiellement, deux gendarmes surveillent les faits et gestes de chacun et sont au courant de tout. A l'occasion d'élections cantonales, les électeurs ne peuvent voter que s'ils ont payé leurs impôts. C'est ainsi qu'une femme assez âgée est repérée et doit faire de la prison pour dettes. Personne ne réagit et elle part avec ses instruments de travail qui vont lui permettre de se faire un peu d'argent en attendant sa sortie au bout de onze jours. Des jeunes gens n'ont pas pu voter, eux non plus. Ils vont adhérer au mouvement anarchiste naissant, de même que les jeunes filles qui veulent l'égalité. Tous se feront renvoyer à cause de leur appartenance au mouvement. L'une des jeunes filles est en relation avec Kropotkine qui agit comme observateur dans ce cadre et constate les injustices dont sont victimes les personnes dans le travail. L'autre aspect intéressant que le film montre, c'est le réglage de l'heure. A l'occasion de la panne du télégraphe, le patron de l'horlogerie se désole de ne pouvoir être en relation avec ses clients des Etats-Unis, d'Argentine et de Chine pour leurs commandes de montres et déplore leur manque de compétitivité à ce moment-là. Est évoqué alors le problème de l'heure exacte qui varie des chemins de fer, à celle de la commune ou du canton avec celle de la fabrique. Il y a d'ailleurs dans le village un régleur de l'heure des horloges dont le temps varie d'une à deux minutes. Et puis il y a une chorale organisée par des femmes sur les problèmes d'inégalités, et aussi la propostion d'un ouvrier pour axer la production vers des réveils qui deviennent essentiels dans la vie des gens pour répondre aux exigences de la vie moderne liée au travail industriel. Un jour, une des ouvrières n'est pas au rendez-vous, elle est au rendez-vous avec Kropotkine, son amoureux.

Ce film est à voir absolument pour son exceptionnelle mise en scène, ses personnage sortis d'une autre temps, pour son récit historique frappant et pourtant si actuel.

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11 avril 2023

Les trois mousquetaires, D'Artagnan

Les Trois Mousquetaires, D'Artagnan de Martin Bourboulon, avec Louis Garrel, François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï et Eva Green pour les principaux acteurs.

Ils sont les gardes du corps du Roi (joué par Louis Garrel). D'artagnan arrive un jour pour s'y présenter et rejoindre ce corps d'armée. Il sera mis à l'épreuve par l'un d'eux (Vincent Cassel) qui refuse ses excuses pour l'avoir bousculé dans les escaliers... Il se retrouve rapidement dans un duel avec les deux autres et tous se retrouvent au même endroit. Commence alors une complicité face à une attaque d'extrémistes religieux catholiques, eux étant protestants. On comprend que les guerres de religion sont le quotidien de la France et n'ont pas disparu. Entre en jeu, l'Angleterre et ses espions. La reine a une liaison avec Birmingham qui en lui faisant ses adieux accepte le cadeau de la reine, un collier en diamant qu'elle devra porter lors du mariage de son fils : c'est ce qu'exige le roi comme preuve de sa fidélité malgré les bruits qui courent. Mais des complots surgissent. L'un des mousquetaires est surpris dans son lit au matin avec une femme assassinée. Il ne sait pas si c'est lui qui l'a tuée. Arrêté et condamné à avoir la tête tranchée, sort des nobles, ses compagnons n'auront de cesse de prouver son innocence et démonter le complot qui s'est joué contre lui.  Entre temps, D'Artagnan s'éprend de la femme de chambre de la reine qui surprend un complot contre le roi, se fait enlever et D'Artagnan qui essaie de la sauver est poignardé et laissé sur le carreau.

Ainsi se termine la première partie de ce film sur une question, D'Artagnan est-il mort ou va-t-il être sauvé ?

Un film qui détend, agréable à regarder, avec des acteurs charmants et efficace, drôle et attachants. 

7 avril 2023

Eternal Daughter

Eternal Daughter de Joanna Hogg. Avec Tilda Swinton et le chien Louis. E.U., R.U., 2022, 1h36. Vu au MK2 St-Michel à Paris.

D'emblée, l'atmosphère de la campagne anglaise donne le ton à ce film  où règne un certain mystère. La bruine et ensuite le brouillard qui flotte entre les arbres ajoutent à l'intrigue la couleur de l'étonnement, épaisse et pourtant diluée. Julie (Tilda Swinton) arrive en taxi à une auberge avec sa mère (jouée par Tilda Swinton vieillie) pour y passer quelques temps. Julie est scénariste et réalisatrice. Elle va essayer de capter l'essence de la vie de sa mère qui dort avec son chien. On s'interroge pendant au moins la première partie du film sur les deux personnages joués par Tilda Swinton. On se demande si la mère est vraiment sa mère ou si c'est elle vieillie pour le besoin. Cette intrigue joue sur cette confusion. Et aussi sur le lieu qui est sombre, à l'accueil peu chaleureux, où l'hôtesse est distante et qui a l'air de s'en foutre réellement. Cette auberge semble vide et pourtant, l'hôtesse lui fait douter sur la chambre à louer comme si toutes les chambres étaient occupées. Dans la chambre, Julie organise le confort : elle sort les photos, les effets de toilette, range les habits, installe sa mère. On passe d'une vue sur Julie à une vue sur sa mère, jamais ensemble et ce qui ajoute au mystère du film où on comprend que Julie et sa mère sont jouées par une seule personne. L'inspiration ne vient pas automatiquement. Julie est attentive au moindre bruit, à l'hôtesse désagréable qui sort rencontrer son ami, fait du bruit, etc. En face de cela, elle reste distante, imperturbable, très guindée. Louis, le chien très câlin, sympatique, essaie de s'enfuir dès qu'il peut et Julie passe sont emps à lui courir après, mais pas seulement. La mort de la mère met un terme au séjour après lui avoir indiqué que ce lieu lui rappelait des séjours nombreux dans sa jeunesse. Puis intervient un homme âgé qui la console. 

Film lent dans lequel il faut se laisser mener, si toutefois on ne recherche pas une intrigue stimulante.

23 mars 2023

Le retour des hirondelles

Le retour des hirondelles. de Li Ruijun, avec Wu Renlin et Hai Qing, Chine, 2023, 2h13.

vu au Nouvel Odéon, Paris.

Un âne dans son enclos ouvre le film. Cet animal domestique joue un grand rôle dans le film à côté des deux personnages qui vont le nourrir de leur histoire. Un mariage arrangé qui tourne bien. Une femme malade, incontinente, objet de risées incessantes dans sa famille et son voisinage, avec un homme méprisé de son côté. Ils vont ensemble faire leur chemin dans un univers hostile, pauvre et dénué de sentiments à leur égard. L'âne sera leur compagnon de fortune qui les servira jusqu'au bout. La tendresse de l'homme pour sa femme sera respectée toutefois quand devant l'épreuve de la vie, l'homme la sauvera. Elle, maladroite et handicapée, travaillera dur à construire leur maison, à participer aux travaux des champs avec ardeur et pudeur. Mais à côté de ce récit du couple, un autre récit intervient, celui de la politique chinoise qui offre de l'argent aux propriétaires en échange de la destruction de vieilles maisons. Ainsi, le couple ira de maison en maison avant de prendre la décision de se construire eux-mêmes leur toit. L'épreuve est redoutable, un violent orage leur tombe dessus alors qu'ils avaient enfin pu faire les briques nécessaires à leur maison. Mais, ils y arrivent quand même jusqu'au moment où la femme a un accident qui lui coûte la vie. L'homme prtira lâcher son âne, lui rendre la liberté et s'en aller seul par le monde. La maison subira la destruction, l'âne reviendra sur les lieux pour clore ce film plein de tendresse et d'émotion, le jour où les hirondelles sont de retour. 

23 mars 2023

Nostalgia

Nostalgia, de Mario Martone, avec Pierfrancesco Favino et Francesco Di Leva. Italie 2022, 1h58.

Vu au Nouvel Odéon à Paris;

Après 40 années d'absence, Felice en homme accompli, revient à Naples où il était né et avait grandi dans les quartiers populaires, ami avec l'un des garçons qu'il va essayer de retrouver, peut-être pour s'expliquer mais surtout pour retrouver la complicité d'autrefois avec lui, cette amitié qui a été si forte, si fabuleuse jusqu'au jour fatal où leur culpabilité annonçait la fin de leur relation. Lui partira très loin, à 15 ans, démuni mais débrouillard. Il réussira dans le commerce, se mariera et reviendra soigner sa mère et lui fermer les yeux. Le plus beau moment du film est sans doute dans cette complicité avec sa mère à qui il dit avant de lui faire prendre un bain "je suis toujours ton petit garçon", et la prend dans ses bras, nue, pour la déposer dans une baignoire et la laver. C'est une attitude très italienne, typiquement celle que les garçons veulent avoir avec leur mère impuissante devant la maladie. Une tendresse infinie face à la violence de la vie dans les rues de Naples où règne en maître son ancien compagnon de jeux qu'il retrouve enfin et qui le menace de le tuer. Il était devenu un être impitoyable après le meurtre qu'il avait commis par peur d'être dénoncé pour vol chez un particulier. Lui Félice partira très vite au bout du monde, mais son ami se réfugiera dans le banditisme, le meurtre et dirigera la camorra. Très redouté et craint, personne n'approuvera Félice lorsqu'il avoue vouloir le rencontrer. Même le curé qui s'occupe des jeunes redoute cette rencontre. "Il va te tuer". Félice ne repartira plus de Naples.

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23 mars 2023

Les banshees d'Inisherin

Les Banshees d'Inisherin de Martin Mcdonagh, avec Colin Farrell, Brenden Gleeson et Kerry Condon. Irlande, 2022, 1h56.

Vu au Nouvel Odéon à Paris.

Sur Inisherin, une île de l'Irlande. Deux amis de toujours, Padraic et Colm, vont tous les jours au pub ensemble. Un jour, Colm décide  de rompre leur relation du jour au lendemain, ce que n'acceptera pas Padraic qui va s'obstiner à essayer de comprendre la raison de cette mise à l'écart. "Tu ne m'apportes rien", est la seule réponse. Déterminé à ce que leurs relations redeviennent comme avant, Padraic s'obstine à aller le voir chez lui, mais rien n'y fait. Colm le menace de se couper un doigt, doigt dont il a besoin pour jouer du violon. Dubitatif, Padraic essaie encore, mais la réalité, le doigt coupé devant sa maison, ne l'arrête pas. Il essaie encore, encore jusqu'au drame. et plus encore. Padraic ne désarmera pas. 

Excellent film irlandais, les acteurs sont formidables.

22 mars 2023

Les huit montagnes

Les huit montagnes, de Charlotte Vandermeersch et Félix Van Groeningen, avec Luca Marinelli et Alessandro Borghi, déc. 2022. 2h27

D'après le livre de Paolo Cognetti par les réalisateurs de Alabama Monroe. Un film d'auteurs comme on les aime. Il commence par un récit. Pietro et ses parents louent une maison dans la vallée d'Aoste en Italie du Nord, dans un minuscule village où il n'y a plus qu'un seul enfant, Bruno. Les deux jeunes garçons ont chacun 12 ans et leur rencontre va être déterminante pour la suite de leur vie. L'un, enfant de la ville aux parents cultivés, l'autre, enfant de la montagne et fils de paysans. Ils s'apprennent mutuellement ce qu'ils savent. Le montagnard est fort et costaud, s'occupe des vaches,  le citadin, frêle et fragile s'adonne à la lecture. Ce qui ne les empêche pas de se mettre à l'épreuve.Bruno l'entraîne dans la montagne à la découverte des endroits merveilleux mais difficiles d'accès, un lac par exemple, aux eaux claires et transparentes dans lesquelles plonger revient à défier la vie. Les parents de Pietro veulent apprendre à Bruno les rudiments de la culture, lire comme il faut,par exemple, et le prendre chez eux en ville pour le "dégrossir", lui donner une vie plus facile. Le père de Bruno ne l'entend pas de cette oreille et le prend avec lui sur les chantiers pour construire des maisons, loin de la montagne. Ainsi Pietro ne le reverra plus, sinon 15 ans plus tard quand tous les deux auront déjà fait un grand bout de leur vie. Ils se rencontreront à la suite du décès de leurs parents respectifs. Bruno entraînera son ami dans la montagne et lui montrera une ruine à restaurer que le père de Pietro lui avait indiquée comme étant de son désir de voir la maison reconstruite. Ainsi s'amorce à nouveau leur amitié indéfectible dans la reconstruction de l'édifice qui leur prendra plusieurs mois, pendant un été, mais ensuite, Bruno restera là dans la montagne alors que Pietro retournera à sa vie lointaine, dans d'autres montagnes, celles du Tibet où l'attend sa femme. La fin est à découvrir. Les paysages sont sublimes, l'amitié est réconfortante.

1 avril 2022

L'art du mensonge

L'art du mensonge, drame de Bill Condon, E.U. 2019, 1h49, avec Helen Mirren, Ian McKellen, Jim Carter etc.

C'est une histoire d'arnaque. En l'occurrence, une femme pourrait en faire les frais. On voit d'abord Betty et Roy se rencontrer lors d'un rendez-vous. On ne s'étonne pas, on pense que c'est une rencontre Internet, on n'en sait rien. Distance plutôt que méfiance de la part de Betty.Tout cela paraît normal. Et puis second rendez-vous, elle paraît enthousiaste, prête à l'aventure, mais elle le laisse à la porte de sa maison. Au troisième, elle l'invite en se disant que c'est une occasion formidable d'être avec un homme et elle le pousse dans ses retranchements en lui présentant son petit-fils qui vit avec elle, précise-t-elle. Le bonhomme n'est pas content, il croyait que l'affaire allait se concrétiser. Il sait qu'elle a été professeur à Oxford et a hérité d'une petite fortune à la mort de son mari.  Lui qui croyait avoir ferré le poisson, c'est tout l'inverse qui se produit. En fait, elle a été l'appât à une chasse aux arnaqueurs, mais en plus Roy a été dans sa vie un personnage malfaisant. Il l'aurait violée lorsqu'ils étaient tous deux adolescents. Le film est monté comme un vaudeville, où la fin fait chuter Roy. L'art du mensonge aussi bien chez Betty que chez Roy atteint des sommets.

C'est un très beau rôle pour Helen Mirren, entourée d'hommes également performants, dont Jim Carter (le majordome dans Downton Abbey). A voir,

 

 

24 janvier 2020

It must be heaven

It must be heaven, comédie dramatique de Elia Suleiman, France, 2019, 1h37, avec Ali Suleiman et Elia Suleiman.

Le cinéaste cherche à savoir si une autre terre d'accueil existe. Il part en voyage en France, puis aux Etats-Unis, etc. Il se met aux terrasses des cafés et observe. A Paris, il remarque la légèreté et la beauté féminine, surtout, qui ose tous les goûts, mais on est à Paris, et il se met à une terrasse de Saint-Germain des Prés. Il n'a pas de choix réellement populaires, il tape dans la sophistication et pourquoi pas. Mais c'est un film très drôle, plein d'humour et de poésie, charmant, rafraîchissant et sympathique. Puis, finalement, il retourne dans son pays. La morale de l'histoire est qu'on n'est pas mieux que chez soi, quand on le peut. 

7 janvier 2020

Les misérables

Les misérables, drame de Ladj LY, France, 2019, 1h40, avec Alexis Manenti, Damien Bonnard et Djebril Zonga.

Un commissariat où un nouvel inspecteur prend ses fonctions avec une patrouille de rue en voiture. On est à Montfermeil où Victor Hugo a situé "Les Misérables", son roman culte. Ce nouvel inspecteur venu de province découvre les méthodes violentes des flics, là où rien ne les disposait à entrer en conflit avec les gens de cette banlieue. D'abord une vérification auprès de jeunes filles qui attendent le bus et fument de l'herbe. Une des jeunes filles filme avec son portable ce qu'elle considère comme interdit. Le flic lui saisit le portable, le jette à terre et l'écrase. Puis il retourne à sa voiture et dit au nouveau: "voilà comment il faut faire ici" ou quelque chose d'approchant. Le film continue sur ce mode de domination sur les jeunes qui vont finir par se venger et on les comprend. Vie de banlieue chaude. Pour plus de justice ? ou plus de contrôle sur les personnes qui ne travaillent pas ? Les flics justifient leurs attitudes par le fait qu'eux seuls peuvent rentrer dans ces rues alors que dans d'autres banlieues, personne ne s'y aventure. 

Pour ceux qui vivent cela au quotidien, il y a de quoi réfléchir.

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